
Radiologie en dentisterie : scanner 3D, panoramique, cone beam… Tout ce qu’il faut savoir pour un diagnostic de précision
La radiologie occupe une place centrale en dentisterie. Elle permet de visualiser des structures peu accessibles à l’examen clinique, comme les racines des dents, l’os alvéolaire ou encore les articulations temporo-mandibulaires. Grâce aux avancées technologiques, différents types de radiographies se sont progressivement imposés dans les cabinets dentaires pour améliorer la précision du diagnostic et la qualité des traitements. Dans cet article détaillé, vous découvrirez les principaux examens radiologiques dentaires, leurs indications respectives et la prise en charge par la Sécurité sociale en France.
1. Les différents types de radiographies dentaires
1.1 La radiographie intra-orale
La radiographie intra-orale est la plus courante et la plus ancienne. Elle consiste à placer un petit film ou un capteur numérique à l’intérieur de la bouche, puis à émettre des rayons X en direction de la zone à examiner. On distingue généralement trois sous-types :
- La rétro-alvéolaire : elle cible une ou deux dents spécifiques, ainsi que l’os autour de celles-ci, permettant d’évaluer précisément l’état des racines, la présence éventuelle de lésions, de kystes, ou encore de caries profondes.
- L’interproximale ou bite-wing : elle est utilisée pour détecter les caries situées entre les dents (caries interproximales) et pour évaluer le niveau de l’os alvéolaire. Très fréquente en contrôles de routine, elle permet un dépistage précoce.
- La radiographie occlusale : moins utilisée, elle sert à examiner l’arcade dentaire sur un axe plus large, par exemple pour détecter des corps étrangers ou des anomalies de position de certaines dents.

1.2 La radiographie panoramique (Orthopantomogramme, ou “Panoramique dentaire”)
La panoramique dentaire offre une vision d’ensemble des deux mâchoires, des dents, de l’os alvéolaire, des maxillaires et des articulations temporo-mandibulaires. Elle est très utile pour :
- Détecter la présence ou l’absence de dents (dents incluses, notamment les dents de sagesse).
- Évaluer le niveau de l’os et dépister des lésions plus diffuses.
- Préparer un plan de traitement global, par exemple avant un traitement orthodontique.
- Obtenir une vision générale pour la planification d’extractions ou de poses d’implants.
Cette radiographie nécessite moins de temps que la réalisation de multiples clichés intra-oraux et procure une vue d’ensemble. En revanche, sa résolution est moins précise qu’une radiographie intra-orale ciblée.

1.3 Le scanner 3D (Tomodensitométrie)
Le scanner dentaire classique, également appelé tomodensitométrie (TDM), est un examen d’imagerie médicale plus complet, qui utilise des rayons X couplés à un ordinateur pour obtenir des coupes transversales de la zone explorée. Il fournit une image très détaillée des structures dentaires, osseuses et anatomiques avoisinantes. En dentisterie, le scanner 3D est particulièrement indiqué lorsqu’il faut :
- Évaluer en détail la hauteur et l’épaisseur de l’os avant la pose d’implants.
- Détecter des pathologies complexes, comme des kystes volumineux, des tumeurs ou des malformations importantes.
- Élaborer des plans de traitement nécessitant une vision tridimensionnelle précise (chirurgie maxillo-faciale, interventions complexes).
- 1.4 Le Cone Beam (CBCT)
Le Cone Beam Computed Tomography (CBCT) a révolutionné l’imagerie dentaire ces dernières années. Il s’agit d’une technique de tomographie volumique à faisceau conique, permettant d’obtenir des images 3D avec une dose de rayons X généralement inférieure à celle d’un scanner médical traditionnel. Les points forts du Cone Beam sont :
- Meilleure résolution pour les structures dentaires : il est spécifiquement conçu pour l’imagerie de la sphère maxillo-faciale.
- Examen relativement rapide : en un seul balayage, il obtient un volume complet de la zone étudiée.
- Dose réduite de radiation : inférieure à celle d’un scanner classique, tout en restant plus élevée qu’une simple panoramique.
Les indications du CBCT sont similaires à celles du scanner 3D (plans de traitement chirurgicaux, pose d’implants, bilan orthodontique avancé, détection de fractures radiculaires, etc.), avec l’avantage d’une meilleure précision dans la zone maxillo-faciale.
2. Quand et pourquoi le dentiste a-t-il besoin d’une radiographie ?
2.1 Détection et suivi des pathologies dentaires
- Caries : souvent invisibles à l’œil nu au stade initial, les caries interproximales ou sous une ancienne obturation (plombage) nécessitent une radiographie pour être détectées.
- Infections ou abcès : la radiographie rétro-alvéolaire ou la panoramique permet de visualiser d’éventuels granulomes, abcès ou kystes au niveau des racines dentaires.
- Maladie parodontale : l’examen radiographique évalue la perte osseuse autour des racines et aide à planifier le traitement (détartrage, chirurgie parodontale…).
2.2 Préparation de traitements spécifiques
- Implantologie : avant la pose d’implants, un examen 3D (scanner ou Cone Beam) est souvent nécessaire pour mesurer la quantité d’os disponible et repérer les structures anatomiques sensibles (nerf alvéolaire inférieur, sinus maxillaire…).
- Orthodontie : la panoramique et la téléradiographie de profil (parfois complétées par un Cone Beam) sont indispensables pour planifier un traitement orthodontique, vérifier l’axe et la position de chaque dent, évaluer la croissance osseuse, etc.
- Chirurgie dentaire : extraction de dents de sagesse incluses, évaluation d’une fracture de la mâchoire, chirurgie pré-prothétique… autant de situations où la radiographie joue un rôle décisif pour guider le chirurgien-dentiste.
2.3 Contrôles de routine
Même en l’absence de symptômes, des radiographies intra-orales (bite-wing) ou une panoramique de contrôle peuvent être réalisées à intervalles réguliers pour détecter précocement les problèmes et adapter la prophylaxie (nettoyage, soins préventifs).
3. Pourquoi est-ce nécessaire ?
La radiographie dentaire est indispensable pour :
- Améliorer la précision du diagnostic : certains problèmes ne se détectent qu’à l’aide d’images radiologiques.
- Adapter le plan de traitement : connaître l’anatomie sous-jacente et localiser précisément les racines, l’état de l’os ou les lésions permet de limiter les risques et les complications.
- Évaluer l’efficacité du traitement : après un soin de canal, par exemple, une radiographie de contrôle confirme le bon remplissage des canaux radiculaires et la régression de l’infection.
Les bénéfices de ces examens dépassent largement les risques liés à l’exposition aux rayons X, d’autant plus que les doses utilisées en dentisterie restent relativement faibles et que la radioprotection (port de tabliers plombés et de protège-thyroïde, appareils modernes à basse dose) est systématiquement respectée.
4. Le remboursement par la Sécurité sociale
En France, la Sécurité sociale prend en charge une partie des frais liés à la radiologie dentaire, mais les modalités de remboursement varient en fonction du type de radiographie et de la finalité de l’examen.
4.1 Remboursement des radiographies intra-orales et panoramiques
- Radiographies intra-orales : ces clichés sont habituellement bien pris en charge par l’Assurance Maladie, car ils constituent des examens courants et souvent indispensables pour des soins conservateurs (caries, infections, etc.). Le taux de remboursement de base est généralement de 70 % du tarif conventionné.
- Radiographie panoramique : elle est également prise en charge selon un tarif conventionné. Là encore, l’Assurance Maladie rembourse 70 % de cette base.
Il est important de noter que la différence entre le tarif remboursé et les dépassements éventuels (si le praticien pratique des tarifs supérieurs à la base de remboursement) peut être couverte partiellement ou totalement par la mutuelle (complémentaire santé).
4.2 Remboursement du scanner 3D et du Cone Beam
- Scanner dentaire (TDM) : lorsqu’il est prescrit pour un motif thérapeutique avéré (pose d’implants, diagnostic de pathologies osseuses sérieuses), il peut être pris en charge par l’Assurance Maladie, mais souvent sur une base de remboursement spécifique à la TDM.
- Cone Beam : il s’agit d’un examen plus récent. En théorie, il peut être couvert si la prescription est justifiée (par exemple, pour l’étude pré-implantaire ou une pathologie clairement identifiée). Toutefois, le remboursement reste parfois complexe et dépend de l’indication médicale. Les complémentaires santé peuvent venir compléter la part non couverte.
4.3 Rôles de la mutuelle ou complémentaire santé
Pour les dépassements d’honoraires ou les examens dont la prise en charge par l’Assurance Maladie est partielle, la mutuelle peut prendre en charge la différence, en totalité ou en partie, selon le contrat signé. Il est donc préférable de se renseigner auprès de son organisme complémentaire pour connaître les taux et plafonds de remboursement.
La radiologie en dentisterie est un élément incontournable pour établir un diagnostic précis, anticiper et éviter les complications, ainsi que pour concevoir des traitements de haute qualité. Du simple cliché intra-oral jusqu’au Cone Beam 3D, chaque examen répond à des besoins spécifiques : dépistage de caries, bilan parodontal, planification implantaire ou encore préparation d’un traitement orthodontique. Le chirurgien-dentiste choisit la méthode la plus adaptée en fonction de la situation clinique et du type d’information recherchée.
Sur le plan financier, la Sécurité sociale française prend généralement en charge tout ou partie des frais de radiologie dentaire, notamment pour les radiographies intra-orales et panoramiques, plus courantes. En ce qui concerne les examens avancés comme le scanner 3D et le Cone Beam, un remboursement est souvent possible, mais dépend de la justification médicale et peut nécessiter le recours à une bonne mutuelle pour limiter le reste à charge. Avant de réaliser un examen, n’hésitez pas à demander à votre dentiste de vous expliquer la pertinence de la radiographie proposée, ses avantages diagnostiques et thérapeutiques, ainsi que les conditions de remboursement qui s’y rattachent.
Avec des clichés adaptés et une prise en charge optimale, la radiologie dentaire constitue un allié précieux pour la santé de vos dents et de votre bouche, contribuant à un diagnostic précoce et à des soins de qualité.
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